jeudi 28 janvier 2010

feu


à te voir danser et détruire
grand feu inconséquent
taillé dans la colère et la joie
comment ne pas se sentir
tout comme toi
le fils du vent


mercredi 27 janvier 2010

harmonie du soir


Voici encor de l'heure qui s'argente,
mêlé au doux soir, le pur métal
et qui ajoute à la beauté lente
les lents retours d'un calme musical.

L'ancienne terre de reprend et change :
un astre pur survit à vos travaux.
Les bruits épars, quittant le jour, se rangent
et rentrent tous dans la voix des eaux.


Rainer Maria Rilke, Vergers, 24

vendredi 22 janvier 2010

la mésange charbonnière


À la faveur d'un rayon de soleil
Le chant de la mésange ouvre sur le jardin la porte du printemps


Peu importe si le vent obstiné se rit de sa cadence
Ténue, entêtée, à tue tête elle redouble.


Le feu de sa joie se faufile au milieu de la forêt
Et nous traçons sur l'horizon des lignes de fuite
Barrières de bois tressés autour du potager.

mercredi 20 janvier 2010

fenetres dormantes et porte sur le toit


La partie nord du toit à peine achevée, il faut choisir vite, vite, l'endroit où placer les lucarnes, juste avant la prochaîne bourrasque.

lundi 18 janvier 2010

l'oubli


Quand nous sommes partis juste avant la tempête (de neige), nous sommes rentrés sans regrets à l'abri en ville.
La nature s'est drapée dans un manteau de silence.
Pas de photo, l'appareil numérique n'avait lui-même plus de mémoire.
À notre retour, juste une langue de glace encore posée sur la mare pour nous rappeler que tout s'était endormi dans l'absence.

mardi 5 janvier 2010

hiver


Errichtet keinen Denkstein. Laßt die Rose
Nur jedes Jahr zu seinen Gunsten blühn.
Denn Orpheus ists. Seine Metamorphose
In dem und dem. Wir sollen uns nicht mühn

Um andre Namen. Ein für alle Male
Ists Orpheus, wenn es singt. er kommt und geht.
Ists nicht schon viel, wenn er die Rosenschale
Um ein paar Tage manchmal übersteht ?

O wie er schwinden muß, daß ihrs begrifft !
Und wenn ihm selbts auch bangte, daß er schwände.
Indem sein Wort das Hiersein übertrifft,

Ist er schon dort, wohin ihrs nicht begleitet.
Der Leier Gitter zwängt ihm nicht die Hände.
Und er gehorcht, indem er überschreitet.

Rainer Maria Rilke